Théâtre

De la même manière que j’avais convoqué les personnages des Liaisons Dangereuses, je voulais convoquer l’écriture du 18ème, son architecture, pour la contaminer avec des codes contemporains, lui imposer une implosion encore accentuée par le surgissement de l’anglais qui est la langue de notre modernité, une langue qui condense et synthétise, face au français dont la littérature repose sur un déploiement du sentiment.
L’ambition de cette double syntaxe était d’ouvrir l’ensemble à l’imaginaire et à l’inconscient, de créer une fiction déclenchée par les souvenirs, les images et les projections, mais qui, comme toute fiction, échappe à la réalité. La mémoire ne raconte pas la vérité, elle vérifie la pulsion du désir.

Anne Théron
mars 2014

L'espace du plateau évoque une salle de bain aux proportions démesurées, dont on ne sait s'il s'agit d'un vestige du romantisme ou d'une ruine post-apocalyptique. Entre deux colonnes, un couloir infini (résultat d'une projection vidéo) qui semble observer l'ultime face-à-face des protagonistes et faire resurgir dans le silence l'écho lointain mais toujours brûlant des blessures intimes, des abandons inacceptables, des abysses où la langue ne suffit plus à retenir le désir... Images rémanentes.
La particularité de ce dispositif : où que se trouve le spectateur, la perspective du couloir semble être tournée vers lui, comme une invitation discrète à s'enfoncer dans sa propre intimité, à se laisser toucher personnellement par ce à quoi il assiste.
N. C.

* Collaboration Artistique : Daisy Body
* Interprétation : Marie-Laure Crochant, Julie Moulier & Laurent Sauvage
* Création Costume & Scénographie : Barbara Kraft
* Perruquière/Maquilleuse : Émilie Vuez
* Création Lumière : Benoit Théron
* Création Musique : Jérémie Droulers & Jean-Baptiste Droulers
* Création Son : Jean-Baptiste Droulers
* Création Vidéo : Nicolas Comte, assisté de Jacques Bigot
* Régie générale : Jean-Philippe Viguié

© crédits photographiques : Jacques Bigot, Jean-Louis Fernandez & Jean-Louis Gonet