Théâtre

Dans "La Résistible ascension d’Arturo UI", Brecht décrit dans une fable située chez les gangsters du Chicago des années vingt, les mécanismes économiques et politiques qui ont permis l’accession au pouvoir d’Hitler. C’est un processus dont il est question et c’est celui-ci qui nous intéresse. Comment accède-t-on au pouvoir, comment en use-t-on et comment le perd-on?
Qu’en est-il en 2017 ? Où sont les lieux du pouvoir ? Qui sont les gangsters d’aujourd’hui ?
(...)
Mais, l’œuvre pose aussi implicitement la question de l’opposition. Comment lutter, lorsque s’institue par des voies légales et démocratiques, une idéologie totalitaire? Comment donner voix aux lanceurs d’alerte, aux citoyens anonymes aux prises avec la violence dont ils sont les témoins et les victimes…
Pierre Sarzacq

À l'approche de la première résidence de travail avec la vidéo, impossible d'organiser un tournage pour filmer les images dont nous voulons partir pour ce spectacle, alors une idée émerge : on va faire un storyboard, au trait noir sur fond blanc, de ce que sera la création en 2017.

Puis au sortir de cette première résidence, nous faisons un constat : le dessin fonctionne. Ce n'est pas réaliste, mais pourtant le plateau et l'image communiquent, se prolongent l'un l'autre, et nous spectateurs plongeons dedans. On en parle et les idées s'assemblent. Le dessin nous plait parce qu'il ne prétend pas imiter la réalité. Il est simple, non prétentieux, et d'un coup de crayon on peut transformer un espace en un autre, en s'affranchissant des principes réalistes ; le dessin est archive, représentation de l'Histoire (avec un grand H) autant qu'il est fable, fantasme ou cauchemar ; il nous permet de faire communiquer la mémoire et le présent, le passé et le contemporain. Bref le dessin est le médium par lequel nous nous plaçons à la bonne distance de notre récit.

La couleur arrive à son tour, et nous entamons un travail méticuleux d'équilibre entre le plateau et l'image, entre la lumière et la projection, entre les lignes de force des espaces dessinés et de l'espace habité par les comédiens. Plus d'une centaine d'heures de peinture numérique et de post-production plus tard, le spectacle est là.
N. C.
Novembre 2017

* Conception du projet : Pierre Sarzacq et Simon Le Moullec
* Assistanat à la mise en scène : Simon Le Moullec
* Interprétation : Emmanuelle Briffaud, Manuel Garcie-Kilian, Jacques Gouin, Nigel Hollidge, Simon Le Moullec, Giuseppe Molino, Mathilde Monjanel, Denis Monjanel, Nicolas Sansier, Pierre Sarzacq, Alexandre Sepré & Boris Sirdey
* Création Costume : Béatrice Laisné & Agnès Vitour
* Création Scénographie, Lumière & Régie Générale : Cyrille Guillochon
* Création Son : Denis Monjanel
* Création Vidéo : Nicolas Comte

© crédits photographiques : Nicolas Comte, Yves Le Moullec