Théâtre

Dans un centre pénitencier pour hommes, Boris, auteur contemporain, anime un atelier d’écriture et propose à trois détenus d’écrire et de jouer une version modernisée de Lysistrata, pièce d’Aristophane dans laquelle les femmes font la grève du sexe pour forcer les hommes à conclure la paix. En pleine répétition, l’Intrus, détenu contestataire et insaisissable, renverse la trame de la pièce antique. L’aventure devient celle de trois femmes qui refusent la grève du sexe - parce qu'elles ont de très gros besoins - et s'enfuient de la cité athénienne dans une voiture volée car elles sont accusées de trahison par les autres femmes.
Démarre alors un road-trip décalé écrit selon la technique du cut-up par les prisonniers eux-même et qui va pousser leur imaginaire dans ses retranchements, là où l'humour se transforme en une poésie qui semble les posséder. On sent qu'elle est devenue le moyen pour eux de donner corps à une parole et à des images qui sinon ne seraient jamais sorties de la prison, ou ne nous auraient peut-être pas touchés, nous spectateurs...

Un tas de chaises, une table, un plafonnier de néons balisant l'espace de "l'atelier d'écriture", puis au fond de l'espace : l'ouverture d'un couloir grillagé vers le hors-champ qu'est le reste de la prison. Pas d'autre décor sinon le noir du théâtre. C'est par le sas grillagé que semble entrer, durant toute la première partie du spectacle, les quelques éclats de lumière du dehors et autres appels à la rêverie. Mais cet appel à la liberté et à l'air frais de l'extérieur va progressivement, dans la deuxième partie, déborder sur le reste du plateau, jusqu'à contaminer le néant noir qui semblait isoler du reste du monde l'espace de l'atelier d'écriture. Alors que le road-trip vire à l'exploration sous-marine après qu'un virage mal négocié a fait plonger la voiture dans les abysses, une méduse blanche traverse l'espace noir, et soudain on ne sait plus très bien dans quel monde on se trouve...

Malheureusement l'essentiel de la création vidéo, reposant sur de la projection sur un matériau très absorbant et sur la recherche chez le spectateur d'un doute perceptif - y a-t-il de la vidéo ou est-ce dans l'air ? - n'est pas aisément documentable via la photographie. Elle reste globalement absente des photos présentées ici.
N. C.

* Interprétation : Alexis Fichet, Gilles Gelgon, Giuseppe Molino, Denis Monjanel & Nicolas Richard
* Création Costumes : Catherine Boisgontier
* Création Maquillage : Simon Livet
* Création Lumière & Scénographie : Yohann Olivier
* Création Son : Guillaume Bariou
* Création Vidéo : Nicolas Comte

© crédits photographiques : Nicolas Comte, Yves Le Moullec